Luttons contre l’isolement social

15 octobre 2021
Les gouvernements doivent en faire plus pour lutter contre l’isolement social chez les aînés.
L’isolement social chez les personnes âgées était déjà reconnu comme un problème de santé publique avant la pandémie, mais les fermetures fréquentes ont eu un impact négatif important sur la situation.
 

Des gouvernements, des universitaires et des défenseurs, y compris Retraités fédéraux, se sont penchés sur l’isolement social et sur son incidence sur la santé, le bien-être et nos collectivités. L’isolement social peut survenir à tout âge, mais est un enjeu de plus en plus criant pour les aînés canadiens.

La pandémie de COVID-19 a été une période exceptionnelle de solitude et d’isolement. Pour réduire le risque de transmission, d'hospitalisation et de décès, les mesures de santé publique ont touché les aînés canadiens de manière disproportionnée.

Une attention particulière à la façon dont nous soutenons les aînés canadiens et les collectivités, particulièrement les aînés vulnérables et socialement isolés, et une réponse politique à cet égard, sont plus nécessaires que jamais.
 

Définir l'isolement social

L’isolement social des aînés avait été reconnu comme un enjeu de santé publique avant la pandémie de COVID-19. Il s'est accentué en raison des confinements.

Le Conseil national des aînés du Canada définit l'isolement social comme « avoir des contacts rares et de piètre qualité avec autrui ».

Même si l’isolement social diffère de la solitude, la plupart des gens conviennent que les deux sont reliés.
 

Isolement social et aînés canadiens

En 2020, Statistique Canada a publié une étude sur l’isolement social et la mortalité chez les aînés canadiens. En analysant les réponses à l’Enquête sur la santé dans les collectivités canadiennes — Vieillissement en santé de 2008-2009, les chercheurs ont trouvé qu’environ 525 000 personnes, ou 12 % de celles âgées de 65 ans et plus, se sentaient socialement isolées.

L’isolement social a été mesuré en examinant la faible participation communautaire, ainsi que la solitude et le faible sentiment d’appartenance à la collectivité. Plus d’un million de répondants (24 %) participaient à des activités communautaires moins d’une fois par semaine.

La faible participation n'était pas très différente selon le sexe, mais les femmes étaient plus susceptibles de ressentir de l'isolement social.

Un rapport du Conseil national des aînés de 2014 souligne que plusieurs facteurs augmentent le risque d’isolement social des aînés, dont vivre seul, un état de santé compromis, le manque de contacts avec leur famille, un faible revenu et un accès limité à des moyens de transport.

Le rapport révèle aussi que certains groupes risquent davantage de subir de l’isolement social, comme les aînés autochtones, à faible revenu, immigrants, aidants naturels, avec des problèmes de santé mentale et physique, ainsi que les lesbiennes, gais, bisexuels ou transgenres.

Les expériences d’isolement social diffèrent, et les aînés socialement isolés n’en subissent pas tous les effets négatifs. Toutefois, l’isolement social est associé à d’importantes conséquences sur la santé. Dans le cas des aînés, il existe un risque accru de développer des comportements négatifs en matière de santé et des problèmes de santé mentale, ainsi qu’un faible sentiment de bien-être. Ils risquent plus d’être victimes de chutes, de maltraitance et d’hospitalisations, et de décès prématurés.

Les aînés contribuent de manière incommensurable à nos collectivités en participant à leurs activités, en effectuant du bénévolat, en agissant à titre d’aidants naturels, et de bien d’autres façons.
 

Isolement social et COVID-19

Pour certains, les mesures de santé publique pour empêcher les gens d’être infectés par la COVID-19, d’être gravement malades et de décéder ont entraîné des sentiments d’isolement social.

En mai, Retraités fédéraux a mené un sondage pour mieux comprendre les expériences des membres durant la pandémie, particulièrement leurs sentiments d’isolement social. Sur les 8 100 répondants, environ 75 % ont ressenti un isolement social souvent, relativement souvent et à l’occasion durant la pandémie. Pour 20 % des répondants, l'isolement social s'était beaucoup accru, alors qu'il s'était relativement accru pour 45 % et était resté le même pour 32 %.
 

Il est temps d’agir

Du point de vue des politiques publiques, plusieurs domaines exigent de l’attention. Il faut trouver les aînés canadiens socialement isolés et s’assurer que des services de soins de santé et d’aide sociale sont en place au sortir de la pandémie.

Entre autres, il faut mettre l’accent sur les besoins des populations vulnérables et sur des mesures pour remédier aux iniquités structurelles dans notre société.

L’isolement social est également lié à l’âgisme, qui prévient l'accès à des activités et à des programmes communautaires.

Les concepts des milieux et des collectivités amis des aînés ne sont pas nouveaux, mais plus de municipalités doivent en faire une priorité.

Dans les collectivités-amies des aînés, on tient compte du vieillissement dans la planification communautaire, les espaces extérieurs, les communications et la vie urbaine, entre autres. Il faut également des logements abordables, la sécurité du revenu de retraite et un transport public accessible.

La pandémie a montré les mérites de la technologie pour garder le contact pour les activités sociales, les rencontres de bénévoles et les rendez-vous. Mais la technologie ne remplace pas les contacts sociaux. La connexion Internet n’est pas égale dans toutes les régions du pays et la littératie informatique (et la capacité d’accéder à des appareils et à des services parfois coûteux) n’est pas la même pour tous.

Nous sommes impatients de revenir de manière sécuritaire à une certaine forme de normalité. Pour plusieurs, cela signifie des contacts en personne et la reprise de la vie communautaire. Cependant, la discrimination à l’endroit des aînés, les obstacles structurels et les conséquences de l’isolement social sur la santé mentale et physique sont toujours présents et, dans certains cas, se sont intensifiés.

Notre rétablissement post-COVID présente une possibilité et une exigence de santé publique de s’assurer que la participation communautaire soit plus accessible et inclusive, et réduise l’isolement social des aînés au pays.

Si vous cherchez à obtenir de l’aide sur le plan social ou de la santé dans votre collectivité, communiquez avec votre bureau local de la santé publique ou votre autorité régionale de la santé.

 

Cet article a été publié dans le numéro du l'automne 2021 du magazine Sage, dans notre rubrique « Bilan santé », qui porte sur des questions de santé et des politiques de santé d’actualité, sous l’optique des enjeux qui touchent les aînés canadiens. Maintenant que vous êtes ici, pourquoi ne pas télécharger le numéro complet et jeter un coup d’œil à nos anciens numéros aussi?