Un nouveau programme vise à aider les professionnels de la santé à traiter les problèmes de santé physique et mentale propres aux vétérans. Les vétérans et leurs familles peuvent également le consulter.
Un nouvel outil a été créé pour aider les vétérans à s’orienter dans le système de soins de santé : le programme My patient is a veteran (Mon patient est un vétéran). Il s’agit d’une série de vidéos qui sont également des balados, et qui visent à faire comprendre les besoins particuliers des vétérans aux fournisseurs de soins de santé.
Selon Jeffrey Puncher, directeur administratif du Département de la médecine familiale à l’Université d’Ottawa, les vétérans constituent un groupe unique en ce sens que leur carrière s’est déroulée dans une culture qui les encourageait à ne jamais faire preuve de faiblesse.
« Ils peuvent présenter de nombreux traumatismes sous-jacents qu’un médecin civil ou un service d’urgence civil pourrait ne pas pouvoir traiter en cas d’urgence », explique M. Puncher.
Des dossiers médicaux incomplets, un système de santé interne aveugle aux différences liées au sexe et au genre, des blessures et des maladies liées au service qui se manifestent après la libération ajoutent à la complexité des soins de santé dispensés aux vétérans pendant et après leur service.
Compte tenu de la rareté des soins de santé en général à l’heure actuelle, de nombreux vétérans, comme beaucoup de Canadiens, n’ont pas de médecin de famille ou n’en trouvent pas, compte tenu de leurs problèmes et besoins particuliers. Le programme espère informer les professionnels de la santé et les établissements à la demande au sujet des vétérans et de leurs familles. Même si leurs problèmes de santé physique et mentale diffèrent, cela ne devrait pas dissuader les médecins de les prendre en charge.
Le projet a été élaboré conjointement par le Département de médecine familiale de l’Université d’Ottawa, l’Université Queen’s et le groupe de travail sur les vétérans de la Ville d’Ottawa. Il a été lancé en octobre 2023.
Cette série de sept vidéos explore les fondements de la santé et du bien-être des vétérans, ainsi que l’engagement auprès de cette population de patients.
« Au cours des 10 à 15 dernières années, les services ont accordé une très grande importance à la santé mentale », explique M. Puncher. « [Mais] il y a 20 ans, on n’en parlait pas, on le cachait et on souffrait en silence. Aujourd’hui, il n’y a plus autant d’ostracisme. »
La série contribue également à l’amélioration et à l’équité des soins de santé en tenant compte des besoins des femmes vétéranes, en consacrant un module à ce groupe, dans lequel interviennent deux membres du Réseau de recherche et d’engagement des femmes vétéranes, la major (ret) Karen Breeck et la professeure Maya Eichler. La série souligne que « les risques militaires sexospécifiques qui ont un impact véritable sur les femmes militaires et vétéranes ne font pas l’objet de recherches suffisantes et sont sous-estimés ».
« Pendant longtemps, on a supposé qu’une approche unique de la recherche et des soins pour les militaires et les vétérans suffisaient », explique Mme Eichler. « Mais de plus en plus, avec la diversification de la population militaire, nous commençons à comprendre que cette approche ne fonctionne pas pour tout le monde. La meilleure façon de servir les vétérans est de les reconnaître en tant qu’individus présentant diverses intersectionnalités.v»
Mme Eichler souligne l’importance de la sensibilisation aux traumatismes et d’un dépistage efficace pour les femmes qui sont vétéranes. Krisi Adamo, professeure en sciences de la santé à l’Université d’Ottawa, présente les résultats scientifiques sur les différences sexospécifiques des blessures musculo-squelettiques et des problèmes de santé des vétéranes. Ces résultats sont utiles non seulement pour les soins de santé, mais aussi pour les mesures préventives, dont les changements de politique fondés sur des données probantes.
Même si le programme est destiné aux professionnels de la santé, les vétérans et leurs familles peuvent examiner le matériel et en faire part à leurs fournisseurs de soins de santé.
Selon Anciens Combattants Canada (ACC), le Canada comptait 629 300 vétérans en mars 2020, soit environ un Canadien sur 50, âgé de 15 ans ou plus, et environ 32 100 ont combattu durant la Seconde Guerre mondiale ou la guerre de Corée. Les 597 200 autres ont servi après la Corée. ACC fournit des services à 187 101 vétérans, y compris des vétérans ayant servi en temps de guerre, des Forces armées canadiennes et de la GRC, ainsi que des survivants.
Le programme est disponible en ligne.