Pour Rebecca Drain, le bénévolat peut donner un sens à la vie et un lien vital avec la communauté lorsque la carrière d'une personne prend fin. Photo : Colin Corneau
« C’est bon pour mon moral », indique Rebecca Drain à propos de son activité de bénévole au Centre des sciences de la santé et à la Siloam Mission de Winnipeg. « Je veux faire du bien dans le monde. »
Chaque semaine, Mme Drain guide des visiteurs et d’autres personnes dans ce complexe hospitalier tentaculaire. Tous les mois, elle cuisine et sert aussi des repas aux personnes sans abri et marginalisées qui résident à la mission.
Comme de nombreux autres retraités, Mme Drain — de descendance métisse et responsable de la formation et du perfectionnement professionnel du personnel chez Service Canada jusqu’à ce qu’une tumeur cérébrale mette un terme à sa carrière professionnelle il y a un peu plus de 10 ans — sait que le bénévolat peut donner un but à atteindre et peut rapprocher de la communauté, ce qui est vital en fin de carrière.
Et, à l’image de nombreux autres bénévoles, elle est ravie de pouvoir de nouveau s’adonner à sa passion après les restrictions imposées par la pandémie.
Le travail de Mme Drain à l’hôpital a pour elle une signification particulière : C’est là qu’elle a suivi son traitement après le diagnostic de son cancer en 2011. Elle se souvient s’être dit : « Si je m’en remets, je veux faire du bénévolat ici dès que je me sens mieux ».
Et lorsqu’elle s’est réveillée après six heures de chirurgie, sa première pensée a été : « Oh mon Dieu, je suis libre ». J’ai réalisé que j’étais prisonnière de mon corps et que je ne pouvais pas m’échapper. Et que la vie est vraiment précieuse. Ne la gâchez pas. Impliquez-vous et faites quelque chose de bien dans ce monde. Je ne peux pas travailler, alors faire du bénévolat me donne le sentiment de faire exactement ça. »
Selon Statistique Canada, en 2018 (données disponibles les plus récentes), presque 12,7 millions de Canadiens ont consacré environ 1,7 milliard d’heures à des activités reconnues comme étant bénévoles.
Pourquoi faire du bénévolat?
L’inclusion sociale et la cohésion figurent parmi les avantages du bénévolat pour la collectivité, affirme Bénévoles Canada sur son site Web. Pour sa part, Karen Gallant, professeure de loisirs et de récréologie à l’Université Dalhousie dont les intérêts de recherche portent sur le bénévolat, énumère les nombreux bienfaits du don à la collectivité.
Dans le cas de la retraite, observe Mme Gallant, « il y a certainement des avantages pour la santé mentale associés au maintien d’une certaine structure et d’une certaine routine, ce qui est une des choses que nous retirons de notre travail. » Les interactions sociales, une partie importante de la vie professionnelle souvent moins fréquentes à mesure que l’on vieillit ou que l’on perd son conjoint ou ses amis, motivent également les bénévoles, explique-t-elle.
Selon Mme Gallant, le bénévolat peut insuffler un sentiment de « compétence, d’être bon dans quelque chose ». Il s’agit souvent d’un avantage que confère le travail rémunéré. À la retraite, les gens se tournent souvent vers le bénévolat pour avoir le sentiment de contribuer et de partager leurs compétences, surtout si cela touche à un domaine qui les passionne.
Elle ajoute que les bénévoles peuvent choisir la cause à laquelle ils donnent de leur temps, et que le fait de pouvoir prendre des décisions de manière autonome a des bienfaits importants pour la santé mentale.
Soulignant qu’il existe une quantité « colossale » de travaux de recherche sur le bénévolat, Mme Gallant affirme que les bénévoles ont tendance à être plus heureux, souvent parce qu’ils se sentent davantage liés aux autres et à la collectivité.
Cependant, précise-t-elle, le bénévolat n’est pas seulement de l’altruisme. « Pour dire vrai, si les gens n’y prenaient pas un certain plaisir ou ne trouvaient pas cela gratifiant ou important, la plupart cesseraient de faire du bénévolat. »
Le bénévolat peut devenir pesant si la charge de travail d’une personne devient trop importante. Avec la pression qui s’exerce sur les jeunes pour bâtir leur carrière, les aînés peuvent se retrouver à faire plus que leur part du travail.
Tenir compagnie
Pour Nancy Carruthers, une conseillère en rémunération à la retraite qui a travaillé pour Santé Canada, rendre visite une fois par semaine à un patient en soins palliatifs au Dundas County Hospice, au sud d’Ottawa, ne constitue pas un fardeau.
Au contraire, c’est l’occasion de sortir de la maison et de tenir compagnie à une personne qui, sinon, n’aurait peut-être pas grand-chose à faire.
« Nous discutons des derniers événements dans la région, de sa famille », explique Mme Carruthers, qui aide aussi à gérer l’équipement de l’hospice destiné aux patients. « Si leur famille n’est pas dans la région, ça leur donne l’occasion de discuter avec quelqu’un, d’attendre cette journée avec impatience. S’ils sont en soins palliatifs, ça fait une grande différence. »
Inspirée par sa mère, qui faisait elle aussi du bénévolat après son départ à la retraite, Mme Carruthers confirme qu’elle a beaucoup appris de son engagement au sein de l’hospice. « D’habitude, je ne parle pas beaucoup, alors le fait d’aller dans la maison de quelqu’un que vous ne connaissez pas est assez intimidant au début. Mais j’ai réalisé que les gens aiment recevoir de la visite et j’ai appris qu’il n’y avait aucune raison d’être intimidée. »
Faire du bénévolat dans un hospice n’est qu’un des moyens de redonner à la collectivité et à soi-même. On peut donner des cours de piano, participer à des bingos de bienfaisance, aider des immigrants et des réfugiés — les possibilités de bénévolat dans votre collectivité, généralement faciles à trouver par l’entremise d’une simple recherche en ligne, sont presque infinies. Tout comme le nombre d’emplois vacants, le nombre de postes bénévoles à pourvoir pourrait bondir à mesure que la pandémie régresse et que les contacts directs reprennent.
« Associez ce qui vous pousse à faire du bénévolat avec l’activité en soi », conseille Mme Gallant. « Si vous adorez lire, faites du bénévolat dans une bibliothèque. Si vous estimez qu’elles sont trop silencieuses, ce n’est probablement pas pour vous », ajoute-t-elle, recommandant de chercher une organisation qui donne de la formation et du soutien.
Mettre ses compétences à profit
Après 31 ans de carrière dans la fonction publique fédérale, Vince Prasad n’a eu aucun mal à trouver des occasions de bénévolat qui lui convenaient.
Anciennement avec l’Agence des services frontaliers du Canada où il a créé et mis en oeuvre des programmes de recouvrement des recettes jusqu’à son départ à la retraite, en 2002, M. Prasad a fait du bénévolat au sein d’un service de soutien de quartier et gère désormais les relations avec les médias en plus d’organiser des dîners-causeries pour la Section de Vancouver de l’Association nationale des retraités fédéraux.
« En tant que fonctionnaire à la retraite, je sais que l’expérience compte », affirme-t-il. Le bénévolat offre « la possibilité d’utiliser des compétences précieuses pour redonner à la collectivité, encadrer d’autres personnes, ainsi que nouer et entretenir des relations. »
Il est convaincu que le bénévolat, qui offre la chance d’apprendre à connaître d’autres personnes et de découvrir d’autres cultures, joue un rôle crucial dans la société en cultivant l’empathie, en inculquant les valeurs de la bienveillance et l’entraide, et en bâtissant une communauté. Ces retombées s’avèrent particulièrement importantes en cette époque de polarisation grandissante.
« J’encouragerais mes contemporains à [faire du bénévolat comme moyen de] rester actifs sur les plans physique et mental, à nouer des relations et à continuer d’apprendre. »