La carrière de James Bartleman compte bien des réalisations, dont celles de diplomate, de lieutenant-gouverneur et d’auteur.
À 82 ans, James Bartleman peut s’enorgueillir d’une vie riche et productive.
Né dans une pauvreté extrême et objet de mépris pour ses racines autochtones, il a déjoué le destin en devenant lieutenant-gouverneur de l’Ontario. Aujourd’hui, il restera l’honorable James K. Bartleman jusqu’à la fin de ses jours.
Cela dit, ses cinq années au poste de lieutenant-gouverneur de l’Ontario ne sont qu’une étape de sa carrière. Diplomate pendant 35 ans, il a été haut-commissaire et ambassadeur canadien dans six continents et de nombreux pays, dont l’Afrique du Sud, Cuba et Israël.
À cette rare distinction s’ajoutent les titres de membre de l’Ordre du Canada et de l’Ordre de l’Ontario, ainsi que 13 diplômes honorifiques conférés par des universités canadiennes. Sans oublier ses romans et ouvrages non romanesques, un travail d’auteur qu’il poursuit toujours, cherchant d’ailleurs une maison d’édition pour son dixième ouvrage.
Il a grandi entre deux univers. Sa mère, Marie Simcoe, était une Anishnaabe de Mnjikaning, près d’Orillia, en Ontario. Son père non autochtone, Percy Bartleman, était ouvrier et vendait du poisson aux restaurants. Pendant l’été, la famille campe dans une tente. Pendant l’hiver, elle habite une masure.
Ces racines familiales mixtes étaient difficiles à vivre. Il se souvient avoir été traité de « sale métis » dans sa jeunesse. Cela a laissé des séquelles, notamment une tendance à la dépression dont il parle ouvertement et témoigne par écrit.
À l’adolescence, M. Bartleman entretient le terrain autour du chalet d’un riche industriel américain pendant l’été. Un jour, l’industriel le fit venir dans son bureau pour lui dire qu’il avait eu vent de ses succès scolaires. « J’ai répondu, “je me débrouille”, sans révéler que nous n’étions que quatre élèves en 12e année. »
Et c’est ainsi que M. Bartleman étudiera l’histoire à l’Université Western et obtiendra un baccalauréat spécialisé en 1963, l’industriel lui payant ses études.
En 1966, il postule au ministère des Affaires étrangères, qui n’accepte qu’un pour cent des postulants. Il sera du nombre.
En 1994, après une longue carrière diplomatique internationale, M. Bartleman devient conseiller principal en politiques étrangères auprès du premier ministre Jean Chrétien, « un homme formidable », avec qui il garde le contact. D’ailleurs, lorsqu’il écrira Rollercoaster, qui raconte ses années de travail auprès de M. Chrétien, il obtiendra la permission de consulter les documents personnels de l’ancien premier ministre.
En 2002, M. Bartleman est nommé 27e lieutenant-gouverneur de l’Ontario. Son mandat sera principalement consacré à trois initiatives : la lutte contre le racisme, l’élimination de la stigmatisation à l’égard de la maladie mentale, ainsi que la promotion de l’éducation et de l’alphabétisation des jeunes Autochtones.
En effet, lors de ses visites dans les collectivités du nord de l’Ontario dans ses fonctions de lieutenant-gouverneur, il remarque que les jeunes Autochtones n’avaient qu’un accès limité aux livres. Il organise alors une campagne de collecte de livres, qui amasse et achemine plus de deux millions de livres aux écoles et aux bibliothèques dans le besoin.
Certains de ces ouvrages pourraient bien être de sa propre plume. À partir de 2002, il écrit plusieurs mémoires sur sa carrière, ainsi que des romans évoquant les défis de grandir comme Autochtone au Canada.
Il partage sa vie depuis 45 ans avec son épouse d’origine belge, Marie-Jeanne Rosillon, à London, en Ontario. Leurs trois enfants ont bien réussi; deux sont avocats, l’autre est médecin.
Âgé de 82 ans, il souhaiterait que les relations s’améliorent entre les peuples autochtones et la société, mais la réalisation de son rêve reviendra aux jeunes générations.
« À mon âge, je n’ai plus la force de faire ce que je faisais. Je n’abandonne pas mes rêves, mais je dois passer le flambeau. »
James Bartleman est membre de Retraités fédéraux depuis 2002. « Je soutiens l’Association et lui souhaite longue vie. »