Si vous examinez les rapports annuels du gouvernement fédéral sur les régimes de retraite de nos membres, vous constaterez rapidement qu’il ne s’agit pas des régimes de retraite dorés que l’on décrit souvent. Cependant, une statistique peut vous sauter aux yeux : l’écart entre les moyennes des pensions de nos membres hommes et femmes.
Ensemble, la pension moyenne de nos membres à la fin de l’exercice (31 mars 2018) était de 31 628 $. Toutefois, si vous divisez cette moyenne selon le sexe, les hommes avaient un montant annuel moyen de 36 273 $, alors que celui des femmes était de 27 121 $. L’écart s’élève à 9 152 $ ou 25 %.
La situation s’aggrave considérablement lorsqu’on tient compte des pensions de survivant.
La pension moyenne du survivant dans la fonction publique n’est que de 14 391 $.
Cette situation est particulièrement problématique pour les femmes, qui représentent 88 % des survivants de notre régime de retraite. Le problème est encore plus grave si l’on considère les conjointes survivantes des Forces régulières des Forces armées canadiennes, qui l’emportent massivement sur les veufs, selon un rapport de 110 contre 1. En 2016, leur prestation moyenne s’élevait à 13 728 $. C’est là une petite pension si l’on considère à quel point il peut leur être difficile de se trouver un emploi à long terme lorsque leur conjoint est affecté à un nouvel endroit.
Cette situation ne touche pas que nos membres. Selon une étude commandée par l’Institut Broadbent, près de 30 % des femmes de 65 ans et plus vivent dans la pauvreté. La proportion de la population recevant le Supplément de revenu garanti (SRG) est plus élevée chez les femmes célibataires (entre 44 % et 48 %, augmentant avec l’âge) que chez les hommes célibataires (entre 31 % et 37 %).
Dans l’ensemble, la pauvreté chez les aînés a diminué tout au long des années 1980 et au début des années 1990. Toutefois, de 1995 à 2013, le taux de faible revenu a augmenté de 8,1 points de pourcentage chez les femmes âgées et de 6,4 points de pourcentage chez les hommes âgés.
Plusieurs ont dû retourner sur le marché du travail. En 2015, 53,2 % des femmes employées âgées de 65 ans et plus travaillaient à temps partiel, soit près de 20 % de plus que les hommes du même âge.
Même si le contexte historique des rôles liés au sexe influe sur ces chiffres — les femmes représentaient une plus petite partie de la main-d’œuvre pour diverses raisons —, le fait est que ces problèmes ne disparaissent pas. Encore aujourd’hui, les femmes âgées sont 8,6 % moins susceptibles que les hommes âgés d’avoir travaillé pour un salaire au cours de leur vie. L’écart salarial entre les sexes persiste (les Canadiennes gagnent encore 87 cents pour chaque dollar gagné par les hommes), et les femmes qui ont travaillé travaillent encore moins longtemps que les hommes (jusqu’à 10 ans de moins en moyenne, selon une récente étude américaine).
Il n’est pas surprenant qu’une nouvelle étude de la Banque HSBC Canada révèle que la moitié des femmes en âge de travailler craignent de ne pas avoir assez d’argent pour couvrir leurs frais médicaux et de soins une fois à la retraite.
Ces questions doivent être prises en considération lorsque les décideurs définissent la législation, mais elles sont souvent oubliées. En 2017, lorsque le gouvernement fédéral a augmenté les cotisations pour bonifier le Régime de pensions du Canada (RPC), il a oublié d’inclure sa clause d’exclusion pour élever des enfants qui était en place depuis son lancement dans les années 1970. Cette disposition visait à faire en sorte que les personnes qui quittaient le marché du travail ou qui travaillaient moins d’heures pour s’occuper de jeunes enfants, en majorité des femmes, ne soient pas pénalisées. Il a fallu un effort soutenu de la part d’organisations, dont la nôtre, pour que cette disposition d’exclusion soit incluse, et ce, plusieurs mois après la présentation de la proposition initiale de bonification du RPC.