A. Pizzino: Priorités budgétaires fédérales pour les Canadiens âgés

23 novembre 2023
Anthony Pizzino, DG de l’Association nationale des retraités fédéraux.
L’énoncé économique de l’automne sera présenté mardi et, bientôt, le budget 2024 sera à nos portes. Tous deux doivent se pencher sur une stratégie nationale pour les aînés.
 

Cet article a été initialement publié le 17 novembre 2023 en anglais, par le quotidien Ottawa Citizen.

L’énoncé économique de l’automne sera publié mardi. Il devrait aborder plusieurs des points revendiqués par notre association. Ces points devraient également retenir l’attention du ministère des Finances fédéral et être inclus dans le budget de 2024.

Tout d’abord, l’Association nationale des retraités fédéraux réclame depuis des années une stratégie nationale pour les aînés. En 2017, le député libéral Marc Serré a déposé une motion réclamant une telle stratégie et demandant à un comité parlementaire de se pencher sur sa mise en œuvre. Ce comité a entendu 65 parties prenantes et devait se réunir à nouveau en janvier 2018 pour discuter d’un projet de rapport. Aujourd’hui, en novembre 2023, nous attendons toujours.

Que comprendrait une stratégie pour les aînés?

Nos membres souhaitent un engagement plus ferme à l’égard des Canadiens âgés. Nous devons avoir la garantie que les normes sur les soins de longue durée seront obligatoires, et non pas volontaires, afin que la possibilité d’inspections et de mesures d’application puisse entraîner de véritables améliorations de la qualité et de la responsabilisation.

La plupart des Canadiens souhaitent vieillir à domicile, ce qui rend les proches aidants naturels plus importants que jamais. C’est pourquoi notre deuxième recommandation est de soutenir les proches aidants en leur offrant de la formation, un mentorat par les pairs, une compensation financière et des possibilités de répit. Le gouvernement fédéral offre actuellement un crédit d’impôt pour aidants naturels, mais il n’est pas remboursable. Nous demandons instamment au gouvernement de le rendre remboursable.

Nous demandons également au gouvernement d’agir pour que les vétérans obtiennent des résultats équitables. Le budget de 2023 avait annoncé 156,7 millions de dollars sur cinq ans et 14,4 millions de dollars en permanence, afin d’aider à réduire les arriérés et de soutenir la prestation de services, mais nous n’avons pratiquement aucun détail sur la façon dont ces fonds sont utilisés. Dans l’intervalle, le manque de données fiables sur les besoins des vétérans pourrait continuer à nuire à certains groupes, en particulier les femmes et les francophones, dont il a été prouvé qu’ils étaient systématiquement traités de manière inéquitable.

Nous demandons également au gouvernement d’adopter la Loi sur l’assurance-médicaments. Elle devait l’être avant la fin de 2023, bien que nous ayons appris cette semaine que le NPD a refusé de la soutenir en première lecture. Le chef du NPD, Jagmeet Singh, affirme toujours qu’il est possible d’adopter la loi avant le 31 décembre, mais les Canadiens dans le besoin se demandent si c’est vrai.

Par ailleurs, 7,5 millions de Canadiens n’ont pas d’assurance-médicaments ou ont une assurance insuffisante pour couvrir leurs besoins en médicaments, et près d’un ménage sur quatre n’a pas les moyens d’acheter des médicaments. Nombre d’entre eux finissent par s’endetter ou par ne pas prendre de médicaments, ce qui entraîne une détérioration de leur état de santé et met à rude épreuve le système de santé, qui est déjà fragile.

Et n’oublions pas le système de paye Phénix. Les fonctionnaires en poste sont déjà affectés, mais les retraités fédéraux le sont aussi. Un sondage réalisé en décembre 2022 auprès des membres de notre association ayant pris leur retraite depuis 2016 a révélé que 70 % d’entre eux avaient connu des problèmes, les plus fréquents étant le fait d’avoir été surpayés ou sous-payés ou, encore, de ne pas avoir reçu leur indemnité de départ. C’est, tout simplement, inacceptable. Réparer Phénix doit constituer une priorité plus importante qu’elle ne l’a été.

Grâce aux engagements des budgets de 2022 et de 2023, l’Office d’investissement des régimes de pension du secteur public aura deux sièges supplémentaires pour les représentants des employés, mais il n’existe pas encore de siège pour un représentant des retraités, alors que leurs pensions et fonds de pension sont des enjeux importants pour eux. Notre association cherche à remédier à cette situation, et l’ajout d’un siège pour un représentant des retraités au conseil d’administration de l’Office semble être la solution la plus simple.

Enfin, avec l’inflation record des deux dernières années, le pouvoir d’achat des personnes âgées s’est érodé et plus de deux millions de Canadiens reçoivent le Supplément de revenu garanti (SRG), ce qui signifie que leur revenu annuel est inférieur à 20 832 dollars. En tout, 49 % des locataires âgés dépensent plus qu’ils ne peuvent se permettre pour leur logement tout en craignant d’être expulsés, ce qui se produit régulièrement dans les provinces où il n’existe pas de mesures de protection contre cela. Comme solution, le gouvernement pourrait donner la priorité à la définition de politiques solides favorisant l’augmentation — et non la diminution — des régimes de retraite à prestations déterminées.

Plus de 7 000 de nos membres ont ajouté leur voix à notre campagne pour le budget fédéral 2024, en disant à leurs élus que ce sont leurs priorités. J’espère que d’autres personnes âgées soutiendront nos appels demandant un meilleur avenir pour le vieillissement au Canada.

Cela semble peut-être beaucoup demander, mais nous traversons une période de besoins aigus, en particulier pour les Canadiens âgés.

Anthony Pizzino est le directeur général de l’Association nationale des retraités fédéraux.