Au printemps, les oiseaux migrateurs reviennent au Canada, où ils nidifieront à l’abri des prédateurs du Sud.
Si vous lisez ceci en savourant votre café matinal au printemps, sachez que plusieurs autres Canadiens sont déjà à l’extérieur à rechercher et à observer des oiseaux. Pour connaître le dernier lieu où l’on a récemment observé cette volée de merles à tête jaune, certains consulteront l’application Merlin ou leurs courriels. D’autres personnes, assurément de la vieille école, apporteront leurs guides de poche ou leurs versions électroniques du Guide des oiseaux du Québec et de l’est de l’Amérique du Nord, d’un guide du National Geographic ou du Guide Sibley des oiseaux.
Certaines personnes se remémorent des histoires familiales sur la façon dont ils ont attrapé la piqûre de l’ornithologie. Dans mon cas, il s’agissait de mon « autre » grand-père, pas M. Bird, mais plutôt M. Bradshaw, un ressortissant britannique qui a commencé par « collectionner » des œufs (donc, en pillant des nids), puis est devenu plus tardivement un naturaliste de terrain amateur, simplement heureux d’apercevoir des oiseaux revenir chaque printemps. Il m’amenait avec lui.
Ce faisant, il m’a fait devenir membre d’une communauté, dont les participants transmettent environ 1,3 million de listes de vérification en ligne chaque année au site Web eBird, stimulant leur propre estime de soi et contribuant à ce pilier de la façon dont les Canadiens suivent la nature de près. D’envergure mondiale, l’application de surveillance des oiseaux eBird a vu sa réserve de données (et ses données pour la science) augmenter grandement en raison de la pandémie, au Canada et ailleurs.
Pour certains ornithologues amateurs, l’expérience se limite aux oiseaux qui se présentent dans une cour, dans les buissons ou les arbres dans leur rue, ou qui survolent une étendue d’eau à proximité. D’autres parcourent de grandes distances en voiture pour suivre la piste signalée d’un oiseau rare. J’ai une fois fait le trajet d’Ottawa au parc provincial Presqu’île, sur le littoral du lac Ontario, pour observer une mésange à tête brune. Sur place, je me suis dirigé vers une foule, qui regardait attentivement dans un buisson, puis j’ai ajouté cette petite espèce à tête brune (par opposition à la mésange à tête noire, qui est répandue) sur ma liste de vie.
Ce divertissement populaire ne requiert qu’un guide de poche et des jumelles. Régler son alarme tôt en vaut la peine (un ornithologue amateur matinal observe davantage d’oiseaux). L’aide offerte en ligne dans le domaine de l’ornithologie est abondante. Outre eBird, vous pouvez consulter Fat Birder, 10000 Birds et le laboratoire d’ornithologie de l’Université Cornell. Découvrez en ligne où vos points chauds locaux se trouvent, puis dirigez-vous vers la première personne que vous voyez munie de jumelles. Soyez réaliste : ce que vous observerez ne ressemblera pas à une émission télévisée de David Suzuki. Ses splendides clichés d’oiseaux (ou d’ours, de loups ou de castors) ont été réalisés par des photographes, qui sont restés assis pendant des heures, alors qu’il faisait chaud ou froid, qu’il pleuvait ou ventait, en attendant cette fugace séance de photos.
La première règle, en ornithologie amatrice, autant pour les experts que pour les gens ordinaires, c’est d’avoir de la chance. La deuxième règle, c’est de faire preuve de patience. La troisième, c’est de garder le silence.
La plupart des oiseaux ne veulent généralement pas être perçus par un prédateur comme un repas potentiel. Ce qu’un ornithologue amateur observera souvent à l’œil nu sera uniquement un mouvement : derrière une feuille, autour d’un tronc d’arbre, dans les feuilles sur le sol forestier, au milieu des herbes d’un champ ou des roseaux d’un marais.
Il est alors temps de prendre ses jumelles. Les jumelles sont pratiquement un incontournable si vous désirez identifier un oiseau que vous n’avez jamais observé auparavant. John James Audubon ne disposait pas de jumelles, comment a-t-il donc pu s’approcher suffisamment pour réaliser ces images grandioses de ce qu’il a aperçu? Il leur a tiré dessus avec un fusil, une coutume qui est mal vue à notre époque. Plusieurs ornithologues amateurs ont recours à une « lunette d’observation » (pensez à un télescope), montée sur un trépied. Cette dépense peut attendre le moment où vous deviendrez vraiment un mordu de ce passe-temps.
Jumelles en main, observez la zone où le mouvement s’est produit et portez les jumelles à vos yeux. N’essayez pas de repérer un oiseau à travers vos jumelles. Certains oiseaux, comme le piranga à tête rouge et le piranga écarlate, sont parés de vives couleurs aisément perceptibles. D’autres, cependant, sont moins colorés. Le viréo aux yeux rouges compense son apparence terne par son chant constant (le laboratoire d’ornithologie de l’Université Cornell rapporte jusqu’à 20 000 répétitions en une seule journée) : de quoi égayer n’importe qui. Dans son guide, voici comment David Sibley interprète son chant assez long : « me voici, là-haut dans l’arbre, lève les yeux et regarde ».
Quiconque a mieux « traduit » les chants d’oiseaux que Sibley mérite un café, mais se familiariser avec les chants et les cris aide, car on entend souvent les oiseaux avant de les apercevoir. Leurs chants servent à attirer et retenir un partenaire, ou à renforcer la revendication d’un territoire. Pour les observateurs d’oiseaux, ils représentent un atout.
Le printemps est spécial, parce que c’est à ce moment où les oiseaux migrateurs arrivent, surtout les parulines, une « famille » biologique de petits oiseaux migrateurs colorés, qui passent la majorité de l’année en Amérique centrale ou du Sud ou dans le sud des États-Unis. Ils se dirigent ensuite vers notre région, qui leur sert de service de maternité. Ils s’accouplent et élèvent leurs oisillons à l’abri des prédateurs méridionaux, en se gavant d’insectes et de chenilles. Alors que les mouches noires et les moustiques peuvent être détestés par les humains, ces insectes sont essentiels pour les parulines.
L’été, la plupart des oiseaux se dissimulent le plus possible tandis qu’ils élèvent leurs oisillons. Leurs allées et venues reprennent en automne, mais les adultes ont une apparence défraîchie, car leur parure nuptiale s’est éclipsée et les jeunes n’ont pas encore pleinement développé leur plumage coloré d’adulte.
C’est l’appel du printemps. Profitez de l’occasion.
Le gerfaut, le plus grand des faucons, est l'oiseau officiel des Territoires du Nord-Ouest.
Nos oiseaux nationaux
Voici un aperçu des oiseaux « officiels » des provinces et territoires du Canada.
- L’oiseau national du Canada est le mésangeai du Canada et chaque province et territoire a également son propre oiseau emblématique.
- Dans le nord, le choix du Nunavut s’est posé sur le lagopède alpin. Tout comme les membres de sa famille génétique (notamment le dindon sauvage et la gélinotte huppée), il vit tout au long de l’année sur les îles de l’Arctique du Canada, nichant au sol. Le lagopède alpin n’est pas un oiseau migrateur. Sa diète est constituée de petits végétaux, auxquels s’ajoutent des insectes et des escargots.
- Plus à l’ouest, les Territoires du Nord-Ouest ont retenu le faucon gerfaut, une version gigantesque du faucon pèlerin et de la crécerelle d’Amérique, deux espèces présentes partout en Amérique du Nord. Les faucons gerfauts restent surtout dans le nord, mais certains ont été parfois observés dans le sud du Canada, par des amateurs d’ornithologie à la chance inouïe. La couleur de leurs plumes varie du blanc au brun tacheté.
- L’oiseau du Yukon est le grand corbeau, un membre costaud de la famille de la corneille d’Amérique. On les distingue par son cri : le grand corbeau a un croassement grave et profond, tandis que celui des corneilles est plus aigu. La proximité d’un grand corbeau est de mauvais augure pour les oisillons d’autres espèces. Les plus petits oiseaux se rallient donc souvent contre cet intrus pour le chasser de leur territoire.
- D’un bleu irisé et au cri strident, le geai de Steller est l’oiseau officiel de la Colombie-Britannique. Tout comme son cousin dans l’est, le geai bleu, il tolère les humains et sait que les terrains de camping et les aires de pique-nique regorgent de nourriture. Cependant, sa tolérance a ses limites : il n’atterrira pas dans votre main en échange d’une arachide aussi promptement qu’une petite mésange.
Le geai de Steller, un visiteur fréquent des mangeoires, des pique-niques et des campings, est l'oiseau emblématique de la Colombie-Britannique.
- Trois provinces ont choisi de grands hiboux à titre d’oiseau officiel. Avec ses ailes d’une envergure de près de 1,5 m, celui de l’Alberta porte bien son nom de grand-duc d’Amérique. Rarement entendu et plus souvent observé par les ornithologues amateurs, il attire les foules. Il vit dans les forêts, les banlieues, et mêmeles déserts, de l’Alaska à l’Amérique centrale.
- Le tétras à queue fine est l’oiseau officiel de la Saskatchewan. On reconnaît cet oiseau des prairiesaux poches violettes sur son cou, qui gonflent lors de sa parade nuptiale. Il se comporte comme un coq domestique, en fouillant le sol pour y trouver de la nourriture. La Saskatchewan compte davantage de spécimens de cette espèce d’oiseau que partout ailleurs en Amérique du Nord.
- La province voisine, le Manitoba, abrite la chouette lapone, dont les ailes sont d’une envergure d’environ 1,2 m. Au Canada, l’habitat de cette autre espèce de grand hibou se situe entre le Yukon et la frontière commune de l’Ontario et du Manitoba, mais on l’observe plus à l’est. Ce déplacement lui est souvent mortel, puisque ces hiboux sont vulnérables aux collisions avec des véhicules automobiles.
- L’oiseau officiel de l’Ontario, le huard, a été entendu un nombre incalculable de fois, sur les pistes audio des émissions télévisées et de films se déroulant à l’extérieur. Sa démarche terrestre pataude lui fait aborder très mal les rives escarpées, mais il réussit à chasser le poisson sous l’eau. Il niche en zone semi-inondable.
Le huard, connu pour son cri distinctif, est l'oiseau officiel de l'Ontario.
- Le harfang des neiges du Québec se reproduit dans l’Arctique, puis migre vers le sud pour l’hiver. D’un blanc pur à un brun tacheté, son plumage s’agence à diverses couvertures neigeuses. Les harfangs des neiges mangent pratiquement tout ce qu’ils sont en mesure d’attraper : poissons, rongeurs, écureuils, lapins, canards et oiseaux chanteurs.
- Seul le Nouveau-Brunswick reconnaît officiellement la mésange à tête noire. Elle la mérite : cet oiseau représente souvent l’initiation à la nature pour les enfants. Mettez quelques graines pour oiseaux dans la main d’un enfant, dites-lui de la « tenir en l’air » et l’arrivée d’une mésange prête à s’en régaler est fort probable. Tout au long de l’année, on peut entendre son cri familier, « chic-a-di-di-di », et son chant sifflé à deux notes, moins connu, mais annonciateur de printemps selon le proverbe.
- La Nouvelle-Écosse, dont les racines sont ancrées dans l’industrie de la pêche, a choisi le balbuzard pêcheur, un oiseau de proie dont les aptitudes pour la pêche sont spectaculaires. Planant au-dessus de l’eau, il plonge vers la surface et sous l’eau, pour en émerger avec un poisson entre les serres. Il fait pivoter le poisson pour placer sa tête dans la direction de son vol, puis il s’envole pour se percher et le manger. Tout un spectacle!
- L’Île-du-Prince-Édouard est représentée par l’un des oiseaux les plus tape-à-l’œil du Canada, le geai bleu. Parent avec les corneilles et les corbeaux, ce détritivore se nourrit auprès des humains. Il est également un expert dans l’art de casser les graines et de voler les œufs des nids d’autres oiseaux. Oiseau commun partout au pays, sauf en Colombie-Britannique, il rivalise avec le grand corbeau pour ses prouesses cérébrales et son imagination.
- Robuste et d’une étrange apparence, le macareux moine plonge dans les eaux septentrionales de l’océan Atlantique jusqu’au Groenland. Il rapporte sa proie au nid, sur de petites îles au large des côtes, où ses oisillons sont à l’abri sur un terrain rocheux.
Le macareux moine, un oiseau social qui vit en grandes colonies, est l'oiseau emblématique de Terre-Neuve-et-Labrador.
À la recherche de huards
Désirez-vous contribuer à la conservation des lacs canadiens? Vous pouvez vous joindre au projet de l’Inventaire canadien des Plongeons huards, lancé par Oiseaux Canada, pour aider à comprendre les raisons pour lesquelles les huards disparaissent graduellement. Depuis 1981, les participants à l’Inventaire ont assuré le suivi de la nidification du huard en surveillant l’éclosion des œufs. Chaque été, ils passent au moins trois jours à explorer leur lac, en juin (pour voir s’il y a des couples sur place), en juillet (pour voir s’il y a des nouveau-nés) et en août
(pour voir si les petits vivent assez longtemps pour prendre leur envol).
Pour plus de renseignements, consultez : Oiseaux Canada.